Valentine Goby - Murène

Murène, le dernier livre de Valentine Goby, est un livre qui ne m'attirait pas particulièrement a priori. Mais ayant lu déjà plusieurs livres de cette auteure et ayant à chaque fois été complètement pris dans les intrigues très documentées du point de vue histoire contemporaine, je me suis lancé. Et comme les fois précédentes, j'ai beaucoup aimé! D'abord, le récit est empreint d'une sensibilité saisissante. Les psychologies des personnages sont finement tracées à l'encre de Chine, tout en subtilité et délicatesse. J'ai passé les quelques heures de lecture en empathie avec le héros du livre, mais aussi avec son entourage proche. Car si la foudre des caténaires a frappé François le privant de ses bras et de ses épaules, l'onde de choc s'est répandue bien au-delà: d'abord au sein du cercle familial, puis à celui des amis. Et il y a ce tout-venant qui ne peut s'empêcher d'éprouver des émotions négatives ou positives du spectre à la vue de ce corps insolite.

On assiste ainsi à la destruction de ce corps et de l'esprit qui l'anime, puis à sa lente reconstruction. Il est des expériences qui forcent à l'abandon d'une trajectoire tout en faisant rampe de lancement à une autre. L'image de la lame Maison Dieu du tarot de Marseille me vient en tête avec toute sa symbolique. Le sens arrive là où on ne l'attend pas et on peut alors parler de destinée. Privé de l'usage complet de ses bras et dans l'impossibilité de porter une prothèse, François (dit Murène) va suivre la voie darwinienne en sens inverse et redevenir poisson, à l'aube des initiatives d'après-guerre qui aboutiront aux jeux paralympiques, et trouver un nouvel équilibre.

La plongée dans les années 50 et 60 est vraiment réussie, l'auteure a fait un énorme travail de documentation. C'est un livre touchant, émouvant et éclairant sur le handicap, la façon de le subir ou de le sublimer. Terriblement humain dans les découragements qui confinent à l'envie de suicide, et les remontées qui transcendent le désastre, avec l'amour en fil rouge. Ce livre regorge de lumière!

C'est drôle de se dire que le lycée Fénelon de Grasse que je fréquentais à la même époque qu'elle a été le creuset d'une auteure de son calibre.

Murène

Hiver 1956. Dans les Ardennes, François, un jeune homme de vingt-deux ans, s'enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d'un village. Croisant une voie ferrée qui semble désa?ec...

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