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TélescoPages

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Sorj Chalandon - Une joie féroce

Le dernier livre de Sorj Chalandon, Une joie féroce est une fiction, qui fait la place belle à l’action et pour une fois, aux femmes. Ayant toujours dépeint des univers d’hommes dans son oeuvre, que ce soit dans le contexte de la guerre, de la mine, des copains d’enfance ou son rapport au père, Sorj Chalandon se rattrape. Ecrit à la première personne et au féminin, l’exercice est périlleux et j’avoue avoir passé la première moitié du livre à ne pas croire à ce je-là, car à force de lire ses livres, ce sont sa voix et son visage qui m’apparaissent en filigrane. Peut-être aussi que je me méfie de cette démarche parce que je crains l’émergence dans le récit d’inévitables stéréotypes, et d’un manque de subtilité, parce qu’on ne s’improvise pas femme… Seules les lectrices seront en mesure de juger si la finesse des portraits est au rendez-vous, mais pour ma part, je trouve que Sorj Chalandon s’en sort plus qu’honorablement. A l’inverse, les quelques hommes du récit ne donnent pas lieu de se réjouir. Entre un mari d’une lâcheté consternante et le receleur, ne reste qu’un flic indulgent pour sauver le genre masculin.
“Une joie féroce” n’est pas sans rappeler la série "La casa de papel". Outre le point de vue de la narratrice comme dans la série, il y est question d'un braquage, de braqueuses d'origines diverses, d'un plan au millimètre, et de braqueurs atteints de maladie grave. Le recours au flashback juste après la scène du braquage d'ouverture m'y fait aussi penser par la forme. Et je dois dire que j'apprécie bien cette approche plus orientée fiction cinématographique qu'à l'habitude dans l'écriture de Sorj Chalandon, une approche à laquelle je ne m’attendais pas trop. Jusqu'à présent, à une exception près (La promesse), chaque livre de son oeuvre comportait soit des éléments autobiographiques (l'Irlande, le rapport au père, à l'enfance), soit un aspect documentaire (le Liban, un coup de grisou). Sorj Chalandon a déjà participé à l'écriture d'une série télévisée (Reporters), peut-être cette joie féroce en est-il une sorte de résurgence ?
La comparaison s'arrête là cependant. On retrouve très vite cette sensibilité qui imprègne chacun de ses livres depuis le début. Le livre regorge de phrases qui touchent, de tournures enceintes de poésie, et d’observations fines. C’est ce que pour ma part j’attends d’un écrivain: qu’il m’élève, par la beauté, par l’esthétique, par ce qu’il a à m’apprendre et par le sens du détail. Une joie féroce est une belle tranche de vie, de survie même, le récit d’un acte héroïque, d’une fureur de vivre au féminin.


Et je pose déjà une option sur son prochain livre.
 
Sorj Chalandon - Une joie féroce
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