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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Jérôme Attal - J'aurais voulu être un Beatles

Je ne connaissais pas Jérôme Attal avant qu'une amie, fan des Beatles et connaissant mon amour d'une vie pour ce groupe, ne m'envoie le livre J'aurais voulu être un Beatles. Autant le dire tout de go, j'ai adoré! Il ne s'agit pas d'une énième biographie du groupe le plus étudié au monde et à propos duquel on sait probablement tout ce qu'il y a à savoir, mais d'une série de tranches de vie et de poèmes, écrits à la première personne du subjectif, qui montrent à quel point les Beatles ont imprégné les différentes strates de nos vie depuis l'enfance.

Les Beatles ont tellement marqué leur temps que par ricochet, ils ont aussi marqué la génération suivante, et encore la suivante, et probablement encore la génération à venir. Mes enfants de 5 et 9 ans les adorent, écoutent leurs albums en libre service dans l'appartement, me réclament régulièrement le dessin animé Yellow Submarine dont ils connaissent les dialogues en anglais, et connaissent également déjà les paroles de plusieurs chansons. Il y a quelque chose d'universel dans ce groupe qui en fait un phénomène de culture populaire unique dans l'histoire puisque pratiquement tout le monde a des souvenirs personnels ou intimes associés à l'une ou l'autre de leurs chansons. J'en suis. Jérôme Attal en est. Et ce n'est pas le seul point commun entre nous.

Comme Jérôme Attal, j'ai aussi été cet adolescent inadapté romantique qui tombait amoureux à répétition et à vide et se consolait en écoutant I'm A Loser, ce garçon dont la vie extérieure pathétique était compensée par une imagination qui n'avait rien à envier aux expériences Timothy Leary en écoutant Lucy In The Sky With Diamonds, qui, guitare en main ou piano sous les doigts, a appris d'oreille et en autodidacte la moitié des chansons du répertoire, qui a arpenté toutes les puces de la région pour y passer au peigne fin les stocks de vieux vinyles dans l'espoir d'y dénicher un original des Beatles ou d'un Beatles d'après la séparation, dépensant ainsi son argent de poche alors que ses potes suivaient le mouvement imprimé par le Top 50, ou un paquet de clopes. Moi aussi, les Beatles m'ont aidé à passer de l'enfance à l'adolescence, et rétrospectivement, je me sens privilégié d'avoir fait ce voyage en première classe avec eux.

Déjà, ils m'ont appris l'anglais. Comme Jérôme Attal, comme tant d'autres. Moi aussi, j'ai glissé mon lot de paroles dans une copie d'anglais, moi aussi, j'ai un prof qui m'a corrigé une phrase des Beatles en me disant qu'elle était incorrecte ("She don't care", "Everybody's green"), et moi aussi, j'ai eu envie de crier "Si vous n'êtes pas d'accord, c'est à eux qu'il faut retirer des points". Moi aussi, je me rêvais John Lennon alors que dans mon âme, j'étais plus McCartney. Moi aussi, ma vie s'arrêtait quand un reportage sur les Beatles était programmé à la télé ou dans un magazine. Moi aussi, je suis né vingt ans trop tard. Moi aussi, j'ai voyagé sans bouger, à Hambourg entre 1960 et 1962, aux Etats-Unis en 1964 et en 1966, en Inde en 1967, dans le jardin sous-marin d'une pieuvre en 1969, et surtout, moi aussi, j'ai vécu le swinging London, le passage des chapeaux melon aux chemises à fleurs, le franchissement des genoux avec les mini-jupes de Mary Quant, et moi aussi, j'ai fait l'amour librement avec des actrices célèbres et des groupies - dans ma tête certes, mais je l'ai fait, croyez-moi sur parole. Dans mes rêves, j'avais la même répartie qu'eux, le même humour que Ringo, la même causticité que John, la même voix que Paul, et la même ouverture d'esprit que George. Moi aussi, j'aurais voulu être un Beatles. Mais la nature ondulée et chaotique de mes traîtres de cheveux ne m'a jamais permis de porter la même coupe qu'eux. C'est sans doute une bonne chose, mais à l'époque, je passais des heures à essayer quand même avec un sèche-cheveux. En vain.

Les Beatles m'ont porté, m'ont soutenu dans mes chagrins d'amour, m'ont donné le feu intérieur, ont fait de moi un musicien, incendié mon imaginaire, et en fin de compte, façonné l'être humain que je suis. Des années plus tard, les personnes qui ont eu le privilège de grandir avec eux et en eux, toutes nationalités confondues, sont capables de se reconnaître entre elles, dans une sorte d'internationale, de fraternité, de sororité de la beatlemania. Un phénomène sociologique qui fait que cinquante ans après leur séparation, ils font toujours l'objet de livres-déclarations d'amour!

Non seulement Jérôme Attal écrit sur un sujet qui m'anime, mais il a une plume magnifique. À telle enseigne que j'ai désormais envie de lire des livres de lui où il n'est pas question des Beatles, comme son Petit éloge du baiser, sorti lors de cette rentrée littéraire et que je couvrirai très prochainement.

Jérôme Attal - J'aurais voulu être un Beatles
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